036 - l’identité L’identité de soi vis-à-vis des autres est un problème universel chez l’Homme. Et ce problème s’accroît lorsque l’Homme vit dans une société complexe telle la société moderne. Le problème d’identité est la souffrance de vie de l’ego, souffrance qui le suit à partir de l’âge où il se voit comparativement aux autres. Mais le problème d’identité est un faux problème qui découle du fait que l’ego, au lieu de se réaliser selon lui-même, c’est-à-dire selon sa propre mesure, cherche à se réaliser compétitivement contre les autres ego qui souffrent, en fait, du même problème que lui. Alors que l’ego regarde au-delà de sa clôture sur le terrain de l’autre pour admirer ses fleurs, il ne voit pas que l’autre fait la même chose envers lui-même. L’identité, ou la crise d’identité chez l’Homme d’aujourd’hui est tellement aiguë qu’il s’ensuit une perte de confiance en soi qui dégénère avec le temps en une perte de conscience personnelle totale. Dangereuse situation, surtout si l’ego est déjà faible de caractère et enclin à l’insécurité. Le problème d’identité, c’est-à-dire cette caractéristique de l’ego de ne pas se voir à la hauteur de lui-même, est en fait un problème de créativité. Mais lorsque l’ego est créatif, le problème d’identité n’est pas, par le fait-même, éliminé, car l’ego n’est jamais parfaitement satisfait de lui-même que lorsqu’il a réalisé l’illusion de son moi inférieur. De sorte qu’un ego de faible statut vivra le même problème d’identité qu’un ego de statut supérieur, car la comparaison entre lui et un autre ne changera que d’échelle, mais demeurera toujours présente, car l’ego est toujours en puissance d’amélioration. Et il n’y a pas de terme à l’amélioration qu’il cherche pour lui-même. Mais l’amélioration de soi-même est une couverture sous laquelle se cache l’ego afin de se donner une certaine raison de vivre heureux. Mais ne sait-il pas que toute amélioration est engendrée déjà par un corps de désir ? Le problème d’identité provient de l’absence de conscience d’intelligence réelle dans l’Homme. Tant que l’Homme vit de son intellect, qu’il n’est supporté dans ses opinions que de l’expérience sensorielle, il lui est difficile de substituer ce qu’il croit savoir ou comprendre par une valeur absolue d’intelligence non déterminée par l’expérience égocentrique. Tant que l’Homme désire se manifester dans la vie, afin de faire sa marque, il souffre de ce désir. S’il réussit à concrétiser son désir, un autre le poussera dans le dos, ainsi de suite... C’est pourquoi, chez l’Homme, toute forme de défaite constitue pour lui une crise quelconque d’identité, quel que soit son statut, car le problème d’identité n’est pas un problème de succès, mais un problème de conscience, c’est-à-dire un problème d’intelligence réelle. L’Homme qui découvre au cours de sa vie que l’intelligence réelle surplombe l’intellect, commence déjà à moins souffrir du problème d’identité, bien qu’il puisse encore souffrir d’une absence de créativité réelle, à l’égal de ce qu’il ressent pouvoir manifester. Ce n’est qu’au fur et à mesure que son identité se conforme au mode de vie qui lui convient qu’il s’apercevra que la créativité peut prendre une myriade de formes, et que chaque Homme possède une forme de créativité qui lui convient mentalement. Et de cette forme il peut vivre en harmonie parfaite sur le plan de son corps de désir et de son intelligence créative. Être créatif ne veut pas dire changer le monde, mais faire de façon parfaite pour soi, de sorte que le monde intérieur s’extériorise. C’est ainsi que se change le monde : toujours de l’intérieur vers l’extérieur, jamais dans le sens contraire. L’être surmental commence à réaliser le problème d’identité. Il voit que ce qu’il est, est encore un peu ce qu’il était. Mais il voit aussi qu’au fur et à mesure que ses corps changent, sa conscience grandit et le problème d’identité disparaît lentement, sur la surface de ce qui était auparavant l’ego inconscient. L’élimination graduelle du problème d’identité chez l’être surmental lui permet enfin de vivre sa vie telle qu’il la voit réellement, et d’être de mieux en mieux dans sa peau. Il n’y a rien chez l’Homme qui soit si difficile que de souffrir d’identité. Car il souffre en fait de formes illusoires, c’est-à-dire pour des raisons qu’il se crée de toutes pièces, dues justement au fait qu’il n’est pas intelligent, c’est-à-dire conscient de l’intelligence créative en lui. Un des à-côtés de l’identité est la honte dans certains cas, la gêne dans d’autres, l’insécurité dans la majorité. Pourquoi un Homme de bonnes mœurs vivrait-il la honte lorsque celle-ci n’est que le reflet social sur son esprit emprisonné dans les filets de la pensée sociale ? Il en est de même pour la gêne qui provient de l’incapacité de l’ego de se débarrasser sur-le-champ de ce que les autres peuvent penser. Si l’ego gêné se débarrassait de ce que les autres peuvent penser, sa gêne disparaîtrait et il pourrait accéder plus rapidement à son identité réelle, c’est-à-dire à cet état d’esprit qui fait qu’un Homme se voit toujours dans la lumière de son propre jour. Le problème d’identité provient de l’absence de centricité chez l’Homme. Et cette absence diminue le pouvoir de pénétration de l’intelligence, ce qui rend l’Homme esclave de son intellect, de cette partie de lui-même qui ne connaît pas les lois de l’esprit ni les mécanismes de l’esprit. De sorte que l’Homme, laissé à son expérience, manque de lumière dans son intelligence et se voit forcé d’accepter l’opinion d’autrui en ce qui concerne la nature de l’Homme. Si l’Homme s’interroge sur lui-même, comment est-il possible à un autre Homme de l’éclairer, si cet autre Homme est dans la même situation que lui ? Mais l’Homme ne réalise pas ceci, et son problème d’identité s’aggrave selon la pression exercée contre l’ego par les événements. L’ego dans le mental est sans contredit, piégé par sa façon de penser qui n’est pas ajustée à son intelligence réelle. Et cette façon de penser contredit le réel de son intelligence, car s’il percevait le réel de son intelligence par le biais de son intuition, par exemple, il serait le premier à en refuser la réalité, car l’intellect n’a pas foi dans l’intuition, il la considère comme une partie irrationnelle de lui-même. Et comme l’intellect est rationnel ou supposément rationnel, tout ce qui lui est opposé ne vaut pas la peine d’être reconnu en tant qu’intelligence. Et pourtant, l’intuition est bien une manifestation de l’intelligence réelle, mais cette manifestation est encore trop faible pour que l’ego puisse en saisir l’importance et l’intelligence. Il se replie alors sur son rationnel et perd l’opportunité de découvrir les subtils mécanismes de l’esprit qui peuvent éclairer son problème d’identité. Mais le problème d’identité doit demeurer avec l’Homme, tant que l’intellect n’a pas lâché prise et que l’ego ne s’est pas mis à l’écoute de lui-même, intérieurement. Si l’ego est sensibilisé à la nature et à la forme de l’intelligence réelle en lui, il s’ajuste petit à petit et se fait de plus en plus une demeure dans cette intelligence. Avec le temps, il y va de plus en plus régulièrement, et son problème d’identité disparaît, car il réalise que tout ce qu’il pensait de lui-même n’était qu’une déformation psychologique et mentale de son intelligence réelle, incapable de dépasser les hauts murs de son raisonnement. Dans une société complexe, telle que nous la connaissons, seule la force intérieure de l’ego, son intelligence réelle, peut l’élever au-dessus de l’aboiement des opinions et l’asseoir sur le roc de sa véritable identité. Et plus la société se désintègre, plus ses valeurs traditionnelles s’effondrent, plus l’ego est en voie de perdition, car il n’a plus l’échafaudage social formel pour se tenir debout, devant le phénomène de plus en plus ahurissant de la vie moderne. Mais l’ego n’est pas toujours prêt à écouter ceux qui peuvent lui donner les clés essentielles pour comprendre son propre mystère. Car déjà sa déformation psychologique l’entraîne à mettre en question tout ce qui n’est pas conforme à sa façon de penser subjective. C’est pourquoi on ne peut que trop blâmer l’ego dans son refus de voir plus loin, mais on peut lui faire réaliser que bien qu’il ne puisse voir plus loin aujourd’hui, demain sa vision s’élargira selon le degré de pénétration de l’énergie en lui. Car en fait, ce n’est pas l’ego qui dépasse par ses propres efforts le mur de son identité, mais l’âme qui l’amène par la souffrance, c’est-à-dire par la pénétration de sa lumière, à enregistrer, au-delà de l’intellect, la vibration de l’intelligence. Et ce choc vibratoire devient le début de la fin. Il y a des ego moins orgueilleux qui s’ouvrent au réel, car déjà une sorte d’humilité les prédispose à leur propre lumière. Par contre, il y a des ego trop orgueilleux pour que passe cette lumière, ce fin filet. Et ce sont ces ego qui sont le plus sujets à de grands tournants, de grands revers qui les assomment et les rendent plus réalistes. La crise d’identité s’identifie avec l’immaturité de l’Homme. L’identité véritable démontre le développement de la maturité réelle. L’âme est indépendante de l’ego dans ses agissements, et ce dernier a beau jeu, tant qu’elle ne se fait pas sentir en force chez lui. C’est ce moment que l’ego ne connaît pas. Et lorsqu’il se présente, il réalise que sa vanité, son orgueil, l’infatuation qu’il a avec lui-même, avec ses idées, éclatent comme un œuf sous pression. La souffrance de l’âme a ses raisons que l’ego ne peut comprendre au début, mais qu’il ne peut non plus s’empêcher de vivre. C’est l’âme qui travaille. Il est temps pour lui de passer d’un stage à l’autre. Le problème d’identité, qu’il a vécu au début, se réoriente, et son orgueil s’effondre comme un jeu d’enfant. Que l’ego soit plus ou moins orgueilleux, tout revient à l’insécurité. Souvent l’on rencontre des ego dits « solides », « forts », pour qui le réel est une pure fantaisie ; ce sont ces ego qui subissent le plus d’effet sur leur identité, lorsque l’âme fait vibrer le mental et l’émotif, sous la pression d’évènements de vie que l’ego ne peut plus contrôler. C’est là, au cours de ces expériences difficiles, que l’ego commence à se voir sous le vrai jour de sa faiblesse. C’est là qu’il voit que la sécurité de sa fausse identité, où primait l’orgueil de son intellect, éclate sous la pression vibratoire de la lumière. On dit alors de lui qu’il change, qu’il n’est plus le même ou qu’il souffre. Et ce n’est que le début, car lorsque l’âme commence à faire éclater les parois de la fausse identité, elle n’arrête plus son travail. Car le temps est venu pour la descente de la conscience dans l’Homme, de l’intelligence et de la volonté et de l’amour véritables. L’ego, qui se sent fort de sa fausse identité, se sent faible comme un roseau lorsque le choc vibratoire se fait sentir. Et ce n’est que plus tard qu’il reprend ses forces, les forces de l’âme, et non le faux pouvoir de son corps de désir, sur la forme qui nourrit l’émotion et le mental inférieur. La crise d’identité chez l’Homme correspond à la résistance de l’ego à la lumière de l’âme. Cette correspondance entraîne dans la vie de l’ego une souffrance proportionnelle à cette résistance. Et toute résistance est enregistrée, bien qu’elle soit perçue psychologiquement ou symboliquement ou philosophiquement par l’ego. Car pour l’âme, tout est énergie dans l’Homme, mais pour l’Homme, tout est symbole. C’est pourquoi l’Homme a tant de difficulté à voir, car ce qu’il verra, une fois libre de ces formes, sera par le biais de la vibration, et non par le biais du symbole de la forme. C’est pourquoi l’on dit que le réel ne se comprend pas par la forme, mais se sait par vibration qui engendre et crée la forme pour s’exprimer. Le problème d’identité invoque toujours un surplus de symbologie, c’est-à-dire de formes-pensées subjectives dans l’Homme. Ce surplus, à un moment donné, coïncide avec l’effort de l’âme d’entrer en contact avec l’ego par le biais du symbole de la pensée-forme, car c’est son seul moyen de le faire évoluer à l’intérieur du mental. L’ego s’aperçoit, sans en comprendre les raisons profondes, qu’il cherche à se situer vis-à-vis de lui-même. Mais comme il est encore prisonnier de ses pensées-formes, de ses émotions, il se croit dans son mouvement, dans son mouvement ! C’est-à-dire qu’il croit que ce processus de recherche émane seulement de lui. Et ceci est son talon d’Achille, car l’ego est dans l’illusion du vrai et du faux, dans l’illusion du libre-arbitre. Lorsque l’énergie de l’âme pénètre et fait sauter la barrière de la fausse identité, l’ego s’aperçoit alors que le point n’est plus pour lui d’avoir raison, mais d’avoir accès à son intelligence réelle. Il commence alors à comprendre. Et ce qu’il comprend ne se comprend pas par ceux qui ne sont pas dans la même intelligence, quelle que soit leur bonne volonté. Car tout est en-dehors du symbole, tout est vibratoire. Le problème d’identité est inconcevable lorsque l’ego et l’âme s’ajustent l’un à l’autre, car l’ego ne tire plus la couverte (couverture) de la réalité de son côté, tandis que l’âme travaille de l’autre. Il y a correspondance entre les deux, et la personnalité en est le bénéficiaire. Car la personnalité est toujours victime du fossé entre l’âme et l’ego. Tant que le problème d’identité existe chez l’Homme, il ne peut être heureux. Car il y a division dans sa vie, même si sa vie matérielle en surface semble bien aller. Elle ne peut aller bien réellement qu’en proportion de l’unité de lui-même. La crise d’identité chez l’Homme moderne n’atteint bénéfiquement que ceux qui ont déjà subi suffisamment de déboires pour que se suscite en eux un grand désir d’équilibre. Mais ce désir d’équilibre ne peut être parfaitement réalisé que lorsque l’ego a mis de côté ses instruments de torture pour manipuler la fine énergie de l’âme. Dans le domaine de la vie humaine où l’on retrouve une grande spiritualité, la crise d’identité peut être aussi aiguë, sinon plus, que là où l’on ne rencontre pas cette grande sensibilité de l’ego à ce quelque chose intérieur qui le pousse inexorablement à une spiritualité de plus en plus grande, de plus en plus recherchée et finalement de plus en plus imparfaite. Ceux qui sont de cette catégorie de l’humanité ont à voir que toutes formes, même les plus hautes, les plus belles, voilent le vrai visage de l’âme, car l’âme n’est pas du plan de l’ego ; elle voit infiniment, et lorsque l’ego s’attache outre mesure à la forme, même la forme spirituelle, il fait interférence avec l’énergie cosmique qui doit passer par l’âme et élever le taux vibratoire de tous les principes inférieurs de l’Homme, afin que ce dernier devienne maître de la vie. Lorsque l’Homme supramental est maître de la vie, il n’a plus besoin d’être attiré spirituellement vers le plan de l’âme, car c’est l’âme, son énergie, qui descend vers lui, et lui transmet son pouvoir de lumière. L’identité spirituelle de l’Homme est une présence en lui, par le biais de la forme de l’énergie de l’âme. Mais cette énergie n’a pas le pouvoir de transmutation, bien qu’elle ait le pouvoir de transformation sur la personnalité. Mais la transformation seulement de la personnalité n’est pas suffisante, car elle est le dernier aspect de l’Homme. Et tant que l’ego n’est pas lui aussi uni à l’âme, la personnalité spirituelle peut facilement entraîner l’Homme dans une conversion rapide de ses mœurs, à un point tel que tout manque d’équilibre dans le mental et l’émotif, peut le mener à la crise aiguë de la spiritualité, le fanatisme religieux. Ainsi, même l’Homme farouchement spirituel, peut se nuire et nuire à la société. Car le fanatisme est une maladie spirituelle, et ceux qui en sont victimes peuvent facilement, à cause de leur exploitation particulière de la forme spirituelle, créer chez les autres une attraction suffisamment puissante pour faire d’eux de grands croyants, c’est-à-dire de nouveaux esclaves de la forme, élevés par le fanatisme sur le piédestal que seul le malade spirituel peut tenir en place, s’il est aidé par la croyance soumise de ceux qui sont aussi ignorants que lui, mais plus insensibles à cette forme de maladie. De plus en plus d’Hommes, sans devenir fanatiquement spirituels, deviennent trop impressionnés de leur spiritualité et n’en connaissent pas les limites, c’est-à-dire les illusions de forme. Tôt ou tard, ils regardent dans le passé et s’aperçoivent qu’ils ont été victimes de l’illusion de leur spiritualité. Alors ils se jettent dans une autre forme spirituelle, et ce cirque peut continuer pendant de nombreuses années, jusqu’au jour où, écœurés de l’illusion, ils en sortent pour toujours, et s’aperçoivent que la conscience est au-delà de la forme. Ceux-là ont l’opportunité de dépasser les limites de la forme et enfin découvrir les grandes lois du mental supérieur. La crise d’identité spirituelle n’est plus possible pour eux à ce moment-là. Car ils savent, de par leur propre expérience, que tout sert à l’expérience de l’âme contre l’ego, jusqu’au jour où l’ego sort de la nécessité de l’expérience pour ne connaître que la conscience supramentale en lui. La crise d’identité spirituelle devient chaque jour, de plus en plus, la crise des temps modernes. Car l’Homme ne peut plus vivre de technologie et de science, seulement. Il a besoin de quelque chose d’autre de plus près de lui, et la science ne peut le lui donner. Mais l’ancienne forme de religion orthodoxe, non plus. Alors, il se lance à tue-tête dans une myriade d’aventures spirituelles, ou ésotérico-spirituelles, avec la ferme intention de trouver ce qu’il cherche, ou de chercher ce qu’il veut trouver, et qu’il ne connaît pas précisément. Alors, son expérience l’amène aux confins de toutes les sectes, de toutes les écoles philosophiques ou ésotériques, et voilà encore qu’il découvre, s’il est plus intelligent que la moyenne, qu’il y a des limites là où il croyait trouver des réponses. Il se retrouve enfin seul, et sa crise d’identité spirituelle devient de plus en plus insupportable. Jusqu’au jour où il découvre que tout est en lui intelligence, volonté et amour, mais qu’il n’en connaît pas encore suffisamment les lois, pour y découvrir le mécanisme caché et voilé aux yeux de l’Homme qui cherche. Quelle surprise vit-il ! Lorsqu’il réalise que ce qu’il cherchait pendant sa crise n’était qu’un mécanisme de l’âme en lui qui servait à le faire avancer pour qu’il se réveille à lui-même, c’est-à-dire à elle. Et lorsque cette étape est enfin commencée, l’Homme, l’ego de l’Homme, se déspiritualise et commence à comprendre la nature de l’intelligence supramentale en lui qui s’éveille, et lui fait reconnaître l’illusion de tous les Hommes qui cherchent en-dehors d’eux-mêmes, avec les meilleures intentions au monde, et qui n’ont pas encore réalisé que toute cette démarche fait partie de l’expérience de l’âme qui se sert de l’ego pour le préparer à entrer en contact vibratoire avec elle. L’Homme n’est plus en contact avec la réalité de son être. Et cette perte de contact est tellement répandue sur le globe, que cette Terre représente un vaisseau rempli de fous qui ne savent pas où va le navire. Ils sont menés par des forces invisibles, et nul n’a d’idée de l’origine de ces forces, ni de leurs intentions. L’Homme fut séparé de l’invisible pendant tant de siècles qu’il a totalement perdu la notion du réel. Et cette perte de conscience est la raison derrière laquelle s’élève le mur de son problème existentiel : l’identité. Et pourtant la solution est si près de lui, et en même temps si éloignée. Si seulement il savait écouter ce qu’il ne veut pas entendre. La guerre des mots et la bataille des idées, c’est tout ce qui lui reste. Quel Homme peut se suffire à lui-même, s’il ne réalise pas qu’une partie de lui est grande, tandis qu’une autre est limitée par ses sens, et que les deux peuvent se rejoindre ? Si l’Homme pouvait un jour réaliser que personne en-dehors de lui-même peut pour lui, et que seul lui-même peut pour lui-même… Mais il a peur de vivre pour lui-même, car il craint ce que les autres diront de lui... Pauvre qu’il est ! Les Hommes sont des êtres qui perdent constamment la lutte contre l’illusion, car ce sont eux-mêmes qui la maintiennent vivante et puissante. Chacun craint de détruire ce qui lui nuit. Un vrai cauchemar ! Et le pire en est à venir ! Car l’Homme du XXe siècle verra descendre vers lui des êtres qui se déplacent entre les étoiles, et qui étaient autrefois des dieux pour lui. Le problème d’identité personnelle se continue à l’échelle planétaire. Comme ce problème découle du manque de raccordement entre le mental inférieur et le mental supérieur, son effet se fait sentir autant sur le plan mondial que sur le plan personnel, car seul le mental supérieur peut expliquer à l’Homme les grands mystères de sa planète et de ses anciens dieux. Tant que ces dieux font partie de l’histoire ancienne, l’Homme n’en est pas troublé. Mais lorsque ces mêmes êtres reviennent et se font connaître sous un jour moderne, le choc à l’échelle mondial se répercute, et l’Homme qui n’a pas découvert son identité réelle se voit coincé entre sa fausse identité - et ce qu’elle pense et croit - et le phénomène cyclique. Si son mental est ouvert à l’expérience et qu’il reçoit de l’intelligence réelle en lui, l’information nécessaire concernant un des phénomènes les plus troublants pour une planète qu’il ne sait pas et qu’il ne connaît pas, l’Homme ne vit pas de crise d’identité planétaire, car déjà, il a résolu la crise d’identité personnelle en lui-même. Puisque l’humanité s’avance à grands pas vers un tournant d’histoire et de vie, l’individualité, c’est- à-dire le rapport de plus en plus perfectionné entre l’Homme et le cosmos, doit être établie car c’est de l’individualité réelle que se manifeste la vibration que l’on trouve chez l’Homme qui a découvert sa vraie identité. Et tant que cette identité réelle n’est pas stabilisée, l’individualité n’est pas totalement accomplie, et l’on ne peut pas dire que l’Homme est « mûr », c’est-à-dire capable de faire face à n’importe quel événement personnel ou mondial sans être troublé, car déjà il en sait et il en connaît le pourquoi. Lorsque nous parlons de crise d’identité en général, nous en parlons d’une façon psychologique, dans ce sens que nous cherchons à définir la relation entre l’Homme et la société. Mais la crise d’identité va beaucoup plus loin que cela. Ce n’est plus l’Homme social qui devient le talon de mesure, la normalité que nous devons atteindre. Au contraire, la normalité doit être transposée, c’est-à-dire resituée vis-à-vis de soi-même. Lorsque l’Homme commence à réaliser que son identité réelle se situe au-dessus de l’identité normale de l’Homme normal entre parenthèses, il s’aperçoit de deux choses. Premièrement, que ce qui inquiète l’Homme normal, ne l’inquiète plus ; et que ce qui bouscule une planète sous-normale, entre parenthèses, est normal. Alors le phénomène d’identité réelle, vu dans cette perspective, devient de plus en plus important, car il détermine quel Homme peut dépasser les faiblesses normales de l’Homme normal ou inconscient, et en plus, détermine que l’Homme qui n’est plus normal - c’est-à-dire dans la mesure de l’Homme inconscient et relativement équilibré - peut soutenir des pressions d’ordre planétaire qui risquent de bouleverser un être normal et faire effondrer une culture qui donne naissance à un tel Homme. Un Homme qui a découvert son identité réelle est incontestablement au-dessus de toutes formes d’expériences psychologiques qui risquent de troubler un Homme qui est tout simplement le produit de sa culture, et qui ne vit que des valeurs de sa culture. Car en fait, une culture est une toile très mince et très fragile lorsque des événements extérieurs viennent la troubler, c’est-à-dire la redéfinir par rapport à une réalité qu’elle ne connaît pas, ou qu’elle ignore totalement. Voilà le danger chez l’Homme du phénomène d’identité non résolu. Car s’il ne découvre pas son identité réelle, il sera esclave émotivement et mentalement de la psychologie sociale et de ses réactions naturelles lorsque les événements de fin de cycle viendront bouleverser le cours normal de son évolution. C’est ici que l’Homme doit être libre des réactions socio-individuelles, afin de pouvoir vivre l’expérience selon un mode de compréhension universelle. Seule l’identité réelle correspond avec l’Homme réel et l’intelligence réelle. Seule l’identité réelle peut sans difficulté interpréter des événements cosmiques, selon une intelligence qui se détache des émotions limitatives de l’Homme. Le problème de la crise d’identité chez l’Homme est beaucoup plus un problème de vie qu’un simple problème psychologique. Les catégories psychologiques que cherche à comprendre l’Homme à la recherche de lui-même, ne conviennent plus à celui qui découvre son identité véritable, car il n’a plus le même intérêt pour la vie qu’il possédait alors qu’il était aux prises avec lui-même. Son identité réelle ayant rempli tous les coins de son être, il se retrouve face à un lui-même qui est logé dans une autre dimension de son mental, dimension ou plan d’énergie qui n’est pas associable par imitation car il est totalement indépendant des catégories psychologiques que forment les structures émotives et mentales de l’Homme inconscient sans identité réelle. Le phénomène de crise d’identité est une souffrance pour l’Homme, car il ne peut jamais être parfaitement heureux en lui-même, avec lui-même, ce qu’il recherche incessamment. Pour lui, être heureux est une expérience qu’il veut vivre de façon permanente. Mais il ne réalise pas que pour être ce qu’il appelle « heureux », il faut être bien dans sa peau, c’est-à-dire pouvoir se sentir en parfaite harmonie intérieure sans que le monde extérieur puisse troubler cette harmonie. Il ne réalise pas que la vie ne se distingue pas d’elle-même tant qu’il n’a pas le pouvoir intérieur de transpercer la toile de fond qui lui donne sa couleur. Un Homme qui a découvert son identité réelle ne vit plus de la même vie qu’il vivait auparavant. Les couleurs ont changé, la vie n’a plus le même attrait, elle est différente à tous les niveaux. Car elle se distingue de l’autre vie antérieure par le fait que c’est l’individu réel qui en détermine les possibilités, au lieu que ces dernières lui soient imposées catégoriquement par la culture où il est enraciné. La vie de l’Homme qui a découvert son identité représente une continuité qui se perd dans le temps et qui n’a plus de limite, c’est-à-dire de fin. Déjà, cette réalisation intervient dans le mode de vie et le mode de créativité de la vie. Tant que l’Homme souffre d’identité, qu’il n’a pas contact avec l’intelligence réelle en lui, il ne peut que subvenir à ses besoins. Lorsqu’il est dans la lumière, il n’a plus à subvenir à ses besoins, car il connaît déjà, par vibration, le mode de sa vie, et cette connaissance lui permet d’engendrer l’énergie créative nécessaire à ses besoins. La catégorie psychologique de la survivance s’estompe pour ne laisser place qu’à une énergie créative qui emploie toutes les ressources de l’Homme et les met à la disposition de son bien-être. Pour que l’Homme dépasse son problème d’identité, il faut qu’il se produise en lui un déplacement de valeurs du plan psychologique vers le plan d’intelligence pure. Alors que les valeurs psychologiques contribuent à sa crise, car elles sont limitées à ses sens, à son intellect qui interprète le matériel sensoriel, il lui faut une règle de mesure qui ne soit pas soumise à l’approbation de son intellect. C’est ici que s’élève pour la première fois en lui une sorte d’opposition à quelque chose qui pénètre en lui et qu’il ne peut empêcher dans son mouvement. Lorsque le mouvement est commencé, c’est la lumière de cette intelligence qui est indépendante de son ego et de ses chimères. C’est ici que commence à se faire sentir ce déplacement de valeurs qui résulte en une souffrance intérieure, suffisante pour faire pénétrer l’intelligence de la lumière selon ce qui doit être vécu par l’Homme qui s’éveille. Le déplacement de valeurs ne se fait que graduellement, afin de permettre à l’ego de maintenir un certain équilibre. Mais avec le temps, un nouvel équilibre se forme et l’ego n’est plus normal, socialement parlant ; il est conscient. C’est-à-dire qu’il voit à travers l’illusion de la forme et de la norme, et s’individualise de plus en plus afin d’élever la vibration de ses corps subtils, paliers sur lesquels se fondera son individualité et son identité réelle. Le déplacement de valeurs est en réalité un effondrement de valeurs, mais nous l’appelons « déplacement », car les changements qui s’opèrent correspondent à une force vibratoire qui transforme le mode de voir, afin que le mode de penser puisse s’ajuster à l’intelligence d’un centre supérieur chez l’Homme. Tant que l’ego n’a pas assisté à cet effondrement par vibration, il continue à s’entretenir des catégories de pensées, de symboles, qui constituent les parois de sa fausse identité. Mais dès que ces parois commencent à s’affaiblir, le déplacement de valeurs correspond à un changement profond, qui ne peut être rationalisé par l’ego. Et ne pouvant être rationalisé par lui, il est enfin frappé par la lumière, c’est-à-dire qu’il est enfin lié à elle de façon permanente et grandissante. Sa vie, alors, se transforme par cycle et bientôt, il ne la vit plus en limites, mais en potentiels. Son identité se définit de plus en plus par rapport à elle, au lieu de se définir par rapport à ses désirs subjectifs. Et il commence à réaliser ce que veut dire « le moi réel et objectif ». Lorsqu’il réalise le moi réel et objectif, il voit très bien que ce moi est lui-même, plus autre chose à l’intérieur de lui-même qu’il ne voit pas, mais qu’il sent présent, là, quelque part en lui. Quelque chose d’intelligent, de permanent et de constamment présent. Quelque chose qui surveille par ses yeux, et qui interprète le monde tel qu’il est, et non tel que l’ego le voyait auparavant. On ne dit plus que cet Homme est « mental », on dit qu’il est « supramental », c’est-à-dire qu’il n’a plus besoin de penser pour savoir. Souffrir d’identité est si loin de lui, de son expérience, qu’il s’étonne lorsqu’il regarde derrière lui dans son passé, et qu’il voit ce qu’il est maintenant et le compare à ce qu’il était.